
Avant d’être une mode sur Instagram, l’Ikigaï est une philosophie de vie japonaise, enracinée dans l’histoire des personnes âgées de l’île d’Okinawa, où l’on vit longtemps et surtout, pleinement.
L’une des premières à en avoir parlé dans des écrits profonds, c’est Mieko Kamiya, médecin, psychiatre et autrice japonaise. Elle a travaillé auprès de personnes ayant la lépre, ces personnes ont vécu l’exclusion, l’isolement… Et ce qu’elle a découvert, c’est que le sentiment de ne plus avoir sa place dans le monde provoque souvent une perte de repères bien plus grave quue leur maladie.
Elle appelait l’Ikigaï une sorte de sens de la vie vécu de l’intérieur, une boussole personnelle qui permet de se sentir utile, reconnu, vivant. Elle disait que ce sentiment pouvait exister même dans la douleur… mais qu’il ne pouvait pas survivre au vide, à l’oubli de soi, à l’isolement.
Et aujourd’hui, que vit une partie de notre jeunesse ?
Des jeunes qui ne trouvent pas leur place dans le système scolaire. Des jeunes qui sont mis à l’écart d’un groupe. Des jeunes qui ont pris une orientation par défaut, ou pour faire plaisir.
Ils ne se sentent ni utiles, ni importants, ni en sécurité.
Et c’est là que le lien est fort : ce que Mieko observait chez les adultes, nous l’observons aujourd’hui chez les ados. Ce sentiment d’inutilité. D’être transparent. De ne pas savoir à quoi on sert. D’avoir tout sauf une voie.
Avant de parler orientation… parlons besoins
Quand un jeune ne participe pas, ne projette rien, ne s’accroche plus, ce n’est pas qu’il s’en fiche. C’est souvent qu’il se protège. Parce qu’il manque de sécurité émotionnelle, de sentiment d’appartenance, de sentiment d’importance.
Parler Ikigaï dans ces moments-là n’a de sens que si on a d’abord créé un cadre :
où il peut s’exprimer sans être jugé
où ses expériences ont de la valeur
où son histoire est reconnue
C’est ce que j’appelle “ramener le jeune au rivage” avant de lui parler de grand large.
Accompagner autrement, en s’inspirant de Mieko
Mieko n’a jamais présenté l’Ikigaï comme un outil marketing. Elle l’a toujours défendu comme un levier de dignité, un chemin d’humanité.
Aujourd’hui, en tant que pros de l’accompagnement, nous avons une responsabilité : celle de ne pas précipiter les jeunes vers des choix qu’ils ne comprennent pas, mais de leur offrir un espace où ils peuvent retrouver de l’élan, du sens et de l’envie.
Et ça, ça commence par leur dire :
« Tu n’es pas seul. Tu n’es pas en retard. Tu n’as pas à savoir tout de suite. Mais tu peux déjà écouter ce qui t’appelle. »
Ce blog est là pour ça
Pour penser l’orientation autrement. Pour redonner de la valeur aux détours. Pour offrir des outils qui réparent autant qu’ils révèlent.Parce que la Voie est Belle… surtout quand elle repart de soi.